Ady gasy… à la mode de chez nous Malgaches !

Article : Ady gasy… à la mode de chez nous Malgaches !
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23 avril 2015

Ady gasy… à la mode de chez nous Malgaches !

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Il pourrait être un film dans l’air du temps, un film « écolo » sur le recyclage et la récupération… il pourrait aussi être une vitrine de la richesse de l’oralité et de la langue malgache : les kabary (un discours traditionnel avec une structure déterminée, qui se prononce lors des différents évènements de la vie) comme les proverbes jalonnent le film. Et pourtant, Ady Gasy (se prononce Ad Gass) est beaucoup plus que cela…
Il est difficile de traduire le terme « Ady Gasy » vu que le mot « ady » peut tout aussi bien signifier guerre, dispute, procès…, mais nous ne sommes pas ici dans une guerre ou une dispute typiquement malgache, ou si peut-être, la lutte des Malgaches pour la survie ? En tout cas, le terme « Ady Gasy » peut se comprendre : « à la façon des Malgaches » ou « à la malgache ».

 

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Le film nous montre le côté débrouillard et persévérant du Malgache, pas celui qui circule en 4×4 ou qui vit à l’occidentale. Non, il donne l’occasion de voir la dure réalité de la vie des autres Malgaches, de la majorité qui fait que, statistiquement Madagascar est considéré comme un pays pauvre. Le film pose ses caméras face à cette partie de la population que l’on ne voit pas ou que l’on fait semblant de ne pas voir ? Mais le film ne tombe jamais dans le misérabilisme ni dans le voyeurisme. Ces personnes ne vivent pas dans des conditions enviables certes, mais elles travaillent, scolarisent leurs enfants et ont assez pour vivre. Et quel travail elles font !!! Il y a celui qui fabrique des chaussures à partir de pneus (j’imagine qu’elles durent avec un matériel pareil!), celui qui répare les vélos avec trois fois rien (des billes et de la colle?), et celui qui remplit à nouveau des briquets considérés comme vides (avec une bombe d’insecticides?)… On voit aussi cette famille qui fabrique du savon avec des cendres de broussaille et de la graisse, ou cette autre famille qui, à partir de matières récupérées, fait des lampes à pétrole (bien utiles quand il y a le délestage de la compagnie nationale d’électricité). Et enfin, l’habilité de celui qui travaille à l’imprimerie ou le doigté de celui qui vous fait un tampon d’encre sur mesure nous laissent sans voix.

 

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Le Malgache y est ingénieux. Rien ne se perd pour celui qui est habile de ses mains et tout se récupère. Il ne baisse pas les bras et persévère… toujours, avec philosophie et sans jamais abandonner, avec la croyance que face aux problèmes, rien ne vaut la fraternité. Et cela même s’il se sent abandonné par les tenants du pouvoir.

« Les Chinois fabriquent les objets… les Malgaches les réparent »

Je me demande si c’est seulement valable pour le Malgache ou si ça se vit aussi ailleurs, cette ingéniosité et débrouillardise?

Ce film, premier long-métrage de Lova Nantenaina , a été primé dans plusieurs festivals internationaux (Prix Fé nèt ocean indien au Festival international du film d’Afrique et des îles en 2014 et Grand prix Eden documentaire lors du festival Lumières d’Afrique en 2014 aussi). Il nous laisse une sensation de douce euphorie et d’optimisme malgré la sinistrose ambiante… et comme dit un proverbe malgache « c’est dans l’amer que l’on arrive à trouver le doux ». C’est un film documentaire dont on peut être fier parce qu’il participe au renouveau et à la renaissance du cinéma malgache, tout comme les Rencontres du film court (RFC). Et oui, il y a un cinéma malgache, certes pas très connu ni développé mais il existe et espérons qu’il va permettre de faire éclore des talents et peut être aussi de rouvrir les salles de cinéma à Madagascar ? (il n’est pas interdit de rêver, non ?)

 

Une pensée et femmeage (elle aimait bien ce mot même si je n’avais jamais cru l’utiliser pour elle un jour ! c’est trop soudain, trop tôt…) à Ketaka Razafimisa, jeune réalisatrice qui est partie pour un monde meilleur le jour de la projection de son court-métrage « Her little peace of heaven », sélectionné dans la catégorie Fiction de la compétition officielle des RFC. Son premier court, « Fashion victim », a permis à Mirana Ramarolahy d’obtenir le prix de la Meilleure interprétation féminine en 2013.

Que la terre te soit légère!


Edit du 26 avril 2015 : « Her little peace of heaven » a reçu trois prix lors de la compétition

– le Zébu d’or dans la catégorie Fiction

– le prix de la meilleure bande-son

– le prix de la meilleure actrice pour Stéphanie Razakatrimo

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Commentaires

Soahary
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très joli article :) Il faudrait que je voie ce film. j'imagine qu'il n'est pas encore disponible en entier, si? Sinon, je viens de comprendre ce fameux "femmeage" que les amis de Ketaka ont beaucoup utilisé à son décès :) Elle repose certainement en paix

Ianjatiana
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J'avais entendu parler du film puis un jour j'ai vu qu'il était projeté au cinéma (les petites salles pas les grosses machines à sous!) du coup j'y suis allée, je ne sais pas par contre s'ils vont ou ont fait des projections à Madagascar même!