Ianjatiana

Journal en temps de confinement…

Plus de 2 milliards de personnes confinées…

Depuis plusieurs semaines le monde est pris par la fièvre, que dis-je, par le virus Covid-19. Plusieurs pays ont ordonné le confinement des citoyens et de la population. Ce confinement est plus ou moins strict, et plus ou moins respecté selon le degré de discipline et de prise de conscience du danger par la population. Il ne faut pas non plus oublier le facteur ressources, oui, parce que c’est plus facile et acceptable de rester confiné chez soi quand on a la possibilité financière et matérielle de faire des stocks que si on devait chercher ce qu’on allait manger au jour le jour.

… et moi, et moi, et moi

Je n’ai plus compté le nombre de mes jours de confinement (il n’y en a pas eu tant que ça, 10 jours seulement) et j’ai abandonné l’idée de tenir un journal en temps de confinement.
Je ne tiens pas à faire le compte de ces jours où on doit rester chez soi et ne sortir que pour une raison valable, je ne veux pas avoir à faire des traits sur le mur comme un prisonnier. Je ne me sens pas prisonnière de là où je suis : à vrai dire, même si je n’ai ni balcon, ni terrasse, ni jardin, ni vue sur la mer mais un appartement minuscule et exigu, je me sens bien là où je suis. J’ai ce dont j’ai besoin pour rester là autant de temps que demandé par les autorités pour arrêter la propagation de ce virus (sauf pour la nourriture … je n’ai ni potager, ni ferme, il faudra donc sortir quand les réserves seront sérieusement entamées). Et quelque part, je n’ai pas envie de faire un journal de confinement comme tant de personnes, célèbres ou non, le font partout sur les réseaux sociaux actuellement. Je n’ai pas envie de dire à tout le monde que j’ai cuisiné tel plat, fait du sport et lu ce livre ou exploré mon âme. J’aurais du mal…

La banalité de ma vie en confinement

En temps normal c’est à dire avant, je commençais déjà à avoir du mal avec cette exposition permanente de sa vie aux yeux de tous sur les réseaux sociaux, et toujours du bon côté. Ce sentiment s’accentue avec ce confinement. De plus, j’ai l’impression qu’il faut absolument sourire et être au top quand on fait des selfies (même en période de quarantaine et de confinement) et qu’on n’a pas le droit de dire que ça ne va pas. Oui, je cuisine, mais ce n’est pas un exploit, il le faut bien, on doit se nourrir et être en forme pour affronter cette période bizarre. Non, je ne fais pas de sport, je ne fais aucun exercice physique chez moi, parce que j’ai la flemme de le faire. J’aime m’exercer mais au grand air, j’aime le sport surtout quand la machine me fait suer. Actuellement, j’ai vraiment la flemme de faire ces séances de yoga et de gym à domicile. Pire, je dors tôt et, entre 2 dossiers à traiter pour le télétravail, je me fais de grosses séances de sieste. Ma vie est d’une banalité durant ce confinement…

Je vais bien ne vous en faites pas…

Ainsi, quand on me demande comment je vais en cette période de confinement, je ne trouve rien d’alarmant à dire (et pourtant, on doit être angoissé, c’est cela?) Je le vis assez bien. J’ai l’impression de revenir à mes années de thèse, quand il ne fallait pas sortir mais rester chez soi à finir de l’écrire. Je travaille sur mes dossiers, je poursuis mes activités de recherche, je finis cet article qui m’a demandé tant de temps. Je regarde les nouvelles deux fois par jour pour savoir si des mesures particulières à ce confinement ont changé ou ont été prises. Je ne reste pas longtemps sur les réseaux sociaux, entre les fake news et les invectives des uns et des autres, cela peut générer du stress. Et le stress n’est pas bon pour les défenses immunitaires (croyez-moi j’ai du vitiligo). J’écoute la musique que j’aime, je n’ai pas trop le temps d’en écouter en temps normal. Je prends des nouvelles de la famille, de mes amis, des personnes qui me tiennent à cœur.

Je ne sais pas si cette attitude fait de moi une personne à part ; une personne égoïste, naïve, fataliste ou inconsciente? Et vous, comment vivez-vous cette période de confinement?

La vue d’une de mes fenêtres … hier après-midi, il faisait beau!


Aux arbres citoyens… oui encore!

La campagne officielle de reboisement a commencé le 19 janvier à Madagascar. Je ne savais pas qu’une date aussi précise était nécessaire. Je pensais qu’on disait juste d’une façon générale et vague que les travaux de reboisement devaient se faire entre la fin d’année et le premier trimestre de l’année suivante (en période de pluie, donc ?).

Dans tous les cas, même si on a l’impression que le reboisement va être l’activité la plus en vue prochainement (attention! vague de selfies de planteurs d’arbre en vue!), on verra dans cet article que c’est une pratique qui existe depuis au moins le siècle dernier à Madagascar (I), qu’on a même un texte de loi qui l’institue en devoir du citoyen (II). Néanmoins, sans céder aux sirènes de la médiatisation et du buzz, on peut reboiser à son propre rythme ; on peut même protéger les forêts autrement (III). Aux arbres, citoyens !

Le reboisement, une nouveauté qui existe depuis longtemps à Madagascar

Actuellement, on parle de reforestation. De grands projets ont été annoncés pour que Madagascar redevienne une Île Verte et non plus « l’Île Rouge » (rouge comme la terre composée de latérite de l’Île). J’ai entendu parler de millions de plants à réaliser et de boules de graines à disséminer.

On en parle comme si c’était récent, mais en réalité, on parlait déjà de reboisement à Madagascar du temps des colonies. Oui, dès 1897, une décision du 15 avril créé un service de reboisement à Madagascar (décision n°200). Et, en 1926, un article sur « Le Reboisement à Madagascar » (tiens donc…) est paru dans la Revue de botanique appliquée et d’agriculture coloniale. Si vous avez le courage de le lire jusqu’à la fin, l’article est disponible ici.

Pour ma part, la lecture a été difficile après le « Peut-on reboiser en utilisant ceux des arbres de la forêt malgache dont le bois a une valeur connue? Nous ne le pensons pas (…) Il faut, pour reboiser, employer des essences étrangères« . A travers cet article, on constate que le bois n’a jamais été considéré que pour son utilité économique et jamais pour son rôle « naturel » et vital pour nous et les autres êtres vivants. C’est peut être la raison pour laquelle un siècle de campagnes de reboisement n’a pas pu renverser le « rougissement » de Madagascar.

Le bois est planté pour son utilité économique
By Przykuta – Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1306144

Le reboisement, un devoir du citoyen

Si les travaux de reboisement existent depuis un certain temps, à l’Indépendance, ils sont pris en compte par le législateur malgache. En effet, quelques temps après le retour à l’Indépendance, un texte est adopté afin d’instituer le reboisement en un devoir national. A vrai dire, il y avait une ordonnance en 1962, mais celle-ci a été abrogée et remplacée par celle qui est toujours en vigueur actuellement : l’ordonnance 63-032 du 24 décembre 1963. Selon ce texte « tous les habitants de Madagascar non reconnus invalides ont l’obligation de participer à l’œuvre nationale de reboisement« . Et pour accomplir cette obligation, une cinquantaine d’arbres devaient être plantés.

On ne s’attardera pas trop sur le fait que le texte avait précisé que par « tous les habitants » il était fait référence aux seuls citoyens masculins âgés de 21 à 55 ans. Époque oblige peut-être, je n’ai pas l’explication, on parlera plus tard sur le blog, dans l’année, de la considération portée aux femmes par la société malgache.

Vu l’engouement des entreprises (grandes ou petites), des ministères, de tous les corps de l’État, des associations etc. à réaliser leurs travaux de reboisement (ou plutôt à faire des séances photos avec à la clé des publireportages au bénéfice de l’image de l’entité) il semblerait que (ô miracle !) le message de cette ordonnance de 1963 continue de porter ses fruits près de 60 ans après. Non, je plaisante! Je me retiens souvent de demander:

  • a-t-on bien choisi les plants et les essences à mettre en terre ?
  • qu’est-il est advenu des plants qui ont été mis en terre les années précédentes ?
  • a-t-on réalisé des études sur le taux de réussite de ces travaux de reboisement ?
  • sur quelle périodicité les entretiens sont faits le long de l’année sur ces jeunes plants ?
Par Yvannoé — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26097658

On peut planter les arbres et les protéger sans chercher à faire le buzz

Après les incendies en Amazonie, en Australie et partout ailleurs dans le monde, il est vraiment important que chacun et chacune contribue aux efforts de reboisement et de reforestation. C’est vrai qu’on ne peut pas toutes et tous faire comme la Kenyane Wangari Maathai qui avait bataillé pour mettre en place le Mouvement de la ceinture verte dès 1977. Elle aura réussi, avec son organisation, à planter 40 millions d’arbres sur le continent africain. Au Pakistan, ils ont l’ambition de planter un milliard d’arbres « pour l’avenir ». Face à tous ces chiffres qui donnent le vertige, on peut se sentir inutile ou impuissant. Il ne faut pas se laisser impressionner : chacun peut agir à son niveau, faire son colibri en somme.

On peut penser à planter un arbre (ou plusieurs) à chaque occasion de la vie : une naissance, un mariage, une séparation, une guérison, une réussite à un examen, un passage en classe supérieure, un anniversaire, un changement de vie…

Image par Pexels de Pixabay

Il est bien connu que si on veut éviter de gaspiller une ressource, il vaut mieux se contenter de ce qu’on a déjà ou mieux, il faut savoir la réutiliser ou l’adapter à une nouvelle utilisation. Ainsi, pour protéger les arbres, il faut aussi penser à ne pas les consommer à outrance et privilégier les filières du recyclage.

Je prends juste l’exemple des meubles à la maison. Au lieu d’en acheter des neufs, on peut s’approcher des entreprises qui réussissent à recycler le bois. Vous me diriez que ça n’existe pas à Madagascar et que c’est encore une lubie des écolos-bobos occidentaux… Eh non, ces entreprises existent et font du travail et de la finition de qualité. Je pense notamment à RecupArtsoa qui fait un gros travail de recyclage bien entendu, mais ils ne négligent pas non plus l’éducation des consommateurs. En effet, se présenter comme artisan dans le domaine du recyclage entraîne souvent des réactions de rejet de la part de certains consommateurs qui sous-estiment l’énorme travail réalisé pour apprêter le bois et lui redonner une nouvelle utilité, sans que son passé récent ne se retrouve dans les traits du nouveau meuble.

Soyons prévoyants et anticipons !

Pour conclure, je pense que pour renverser la tendance et réussir à « verdir » pour de vrai Madagascar, il nous faut des selfies et des pray for Mada des actes, de multiples petits actes citoyens, des actes forts, des actes réfléchis sur le long terme. Instituer le reboisement en devoir national est un beau symbole. Adopter un texte de loi sur la question souligne les préoccupations suscitées par les conséquences de la déforestation. Mais un texte aussi bon qu’il soit n’a pas de bras pour creuser un trou large et profond, déposer les matériaux de drainage, mettre en terre le jeune plant, le tasser, l’arroser et l’entretenir. Si on veut s’asseoir sous l’ombre d’un bel et grand arbre quand on aura pris de l’âge, il vaut mieux planter cet arbre-là au cours de notre jeunesse !

Les arbres prennent leur temps pour pousser…


Bilan d’une année blanche en écriture…

A l’heure du bilan, parce qu’il faut bien en faire, vu la fin de l’année, que dis-je, la fin de la décennie qui arrive, il faut que je sois franche avec moi-même, je n’ai pas beaucoup écris cette année. Oui, j’ai écrit des mails, rédigé des lettres, envoyé des missives, écrit des threads, commenté et expliqué de long en large des choses sur Facebook, mais je n’ai pas écrit.

Je n’ai pas pris le temps de me poser, de faire des recherches, de lire les avis des uns et des autres, d’étudier les données et enfin de rédiger et d’écrire. Je n’ai pas pris le temps, absorbée par je ne sais quoi et trouvant toujours une excuse. Et pourtant, écrire peut être aussi vital que respirer et manger.

Si je me compare à ce que je faisais il y a quelques années, cette année 2019 fut une longue page blanche, et pourtant, ce ne sont pas les idées ni les débats qui me manquaient (j’ai encore une dizaine d’articles dans mes brouillons du blog, une demi-douzaine de thèmes pour mon autre vie, dans laquelle publier est vital et nécessaire). En 2018, j’ai tourné la page de la Chose qui m’avait pris beaucoup de mon temps mais que j’ai terminé, soutenue et publiée. L’année 2019 a été blanche d’une certaine manière.

Je trouve dommage de ne retrouver mes états d’esprit et mes souvenirs que « grâce » à Facebook; De ne relire les discussions passionnées qu’après avoir « scrollé » parce qu’elles sont dans une timelime sur Twitter; De se dire que l’avis d’un tel pèse sur tout sujet parce qu’il a publié un thread diffusé plusieurs milliers de fois.

Je me dis qu’à l’heure où tout devient de plus en plus éphémère et instantané, tenir un blog relève de la résistance. Quoiqu’on en dise, et même si cela semble passer de moins en moins dans l’ère du temps, tenir un blog est plus exigeant que de rédiger un thread ou un post, de temps en temps, sur un sujet.

Je n’ai pas envie de prendre de résolutions pour 2020. On prend des résolutions pour mieux les oublier. J’ai décidé de juste travailler, faire, réaliser sans me mettre trop de pression. Est-ce qu’on ne sent pas mieux quand on a accompli quelque chose que quand on n’arrive pas à cocher cette tâche dans la to do list?

Photo by Kevin Kiriluk on Reshot
Photo by Kevin Kiriluk on Reshot

Pour la petite histoire, je me suis ressaisie vers le mois d’octobre en recommençant à aller aux charbons mais je n’ai pas réussi à pondre l’article que je voulais avant 2020. Toujours ce problème d’organisation et d’excuses (et de grippe à quelques paragraphes de la fin de l’article et de l’année! satanée grippe qui me tient encore à l’heure où j’écris ce dernier article de 2019 du blog !) mais je compte bien voir cet article publié début 2020 et être plus régulière sur le blog (avec des retours des lecteurs du blog, ce sera encore plus facile, donc n’hésitez pas à écrire des commentaires et à débattre : comme ça, je n’aurai pas non plus l’impression de parler dans le vide 🙂 ).