Ianjatiana

La rentrée … déjà ?

C’est déjà la rentrée ? Alors qu’il y a à peine quelques semaines, je me disais que j’allais avoir un programme bien rempli pour l’été et rayer toute une liste de choses à faire (la fameuse to-do list). Vers la fin juillet, je pensais qu’au début de septembre, tous les dossiers allaient être rangés, les bouquins empruntés à la bibliothèque lus et les kilomètres de course avalés. Il y avait le temps, il y avait le temps… mais au final, non ! Le temps file à une vitesse folle, on ne réalise pas bien qu’il ne cesse de tourner et qu’une fois passé, il ne revient plus.

Un joli jardin caché dans le Marais

Alors qu’avons nous fait de ces grandes vacances ? Il y a eu les balades dans les rues de Paris, désertées par les Parisiens, au plus grand plaisir de ceux qui restent…Cette période calme est favorable aux découvertes : un joli jardin caché dans le quartier mouvementé du Marais, une cantatrice qui a bercé les oreilles et fait vibrer le cœur des passants, les curieux passages de Paris. En somme de biens jolies cartes postales.

 

img_2725

Mais l’été qui vient de passer a aussi vu passer un des événements planétaires les plus suivis à la télé : les Jeux Olympiques de Rio. Comme à chaque olympiade, il fallait compter sur le décalage horaire. Là il fallait veiller assez longtemps. Le summum a été atteint lors de la cérémonie d’ouverture où l’on attendait avec impatience le passage de notre délégation nationale. Mais les nuits étaient d’autant plus longues, pendant la quinzaine, qu’une chaîne de télé américaine a payé très cher pour que les finales soient diffusées aux heures les plus intéressantes pour les audiences aux États-Unis.

Ce fut une quinzaine difficile mais satisfaisante ! Les performances sportives (Michael Phelps, Usain Bolt, Teddy Riner, Simone Biles…) l’ont disputé aux images fortes de solidarité et d’entraide, comme ces deux athlètes tombées ensemble qui ont illustré ce qu’est l’esprit olympique en s’aidant pour finir la course. Mais il y a eu aussi cette équipe olympique des réfugiés, pour montrer cette réalité que certains politiques refusent de voir.

#istandwithteamrefugee

Les jeux olympiques finis, voici que les jeux paralympiques prennent place. C’est à se demander pourquoi ils ne doivent prendre place que lorsque tout le monde a fait sa rentrée? Pourquoi ne pas avancer d’une semaine les jeux pour que l’on puisse aussi admirer les performances des athlètes qui concourent aux paralympiques? Pourquoi ces paralympiques ne bénéficient pas d’autant de couverture médiatique?

Malgré la chaleur qui reste, l’été est bel et bien parti. On regrette déjà cette période calme et intense à la fois, cette époque de l’insouciance. Parce que la rentrée est bel et bien là. La rentrée et ses tracas du quotidien.

La rentrée et son parcours du combattant pour l’étudiant étranger en France : obtenir le fameux titre de séjour qui permet de rester un an de plus. Mais avant d’avoir en main le sésame, il faut obtenir le rendez-vous à la préfecture à temps, présenter tous les éléments du dossier (et même d’autres éléments au cas où), prier de ne pas tomber sur un agent zélé de la préfecture et re-prier pour que le dossier passe sans problème. Et oui, s’il y a de l’excitation pour les uns, l’attrait de la nouveauté pour d’autres, la rentrée peut aussi être source de stress et d’insomnie pour certains…et le bon sommeil ne reviendra qu’une fois ce titre de séjour obtenu.

Et pour vous, le mois de septembre signifie t’il aussi la rentrée?

img_2738


Le code de la communication qui censure et fait peur à Madagascar

Après la loi sur la cybercriminalité, qui a été dénoncée principalement pour son article 20, Madagascar va s’apprêter à adopter son Code de la communication médiatisée (c’est l’intitulé exact et complet du code, et non, ce n’est pas une faute d’accord entre Code et médiatisé). Et oui!… et ce n’est une bonne nouvelle ni pour les Malgaches, ni pour la démocratie, ni pour la liberté!

Pour rappel, la loi sur la cybercriminalité a été adoptée en 2014 et son article 20 dispose que :

« L’injure ou la diffamation commise envers les corps constitués, les cours, les tribunaux, les forces armées nationales ou d’un État, les administrations publiques, les membres du gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions, par les moyens de discours, cris ou menaces proférés dans les lieux ou réunions publics, soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans les lieux ou réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposés au regard du public, soit par le biais d’un support informatique ou électronique, sera punie d’un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d’une amende de 2 millions à 100 millions ariary ou l’une de ces peines seulement ».

Après quelques recherches (comme le style d’écriture de la loi changeait au fur et à mesure des articles, ça se sentait qu’elle n’était pas issue d’une même plume), il s’avère que cet article 20 de la loi sur la cybercriminalité est principalement le « copier-coller » du paragraphe sur les délits contre les personnes, c’est à dire des articles 29 à 32 de la loi sur la liberté de la presse française du 29 juillet 1881. Le mondoblogueur Andriamialy a déjà donné en 2014 un Guide pour les cybernautes malgaches pour survivre à cette loi. Entre autres choses, on peut aussi se poser la question de savoir comment cette loi qui régit ce qui se passe dans le cyberespace compte interdire des actions qui se déroulent dans l’espace physique (comme les cris, menaces proférés dans les lieux ou réunions publics, ou encore des écrits, des dessins…des affiches exposés au regard du public ) ?

Qu’en est t’il de ce nouveau Code de la communication médiatisée?

L’excellent article de Mialy s’en fout résume bien ce qu’il est : c’est un « code parano «  . L’organisation Reporters sans frontières le dénonce comme un code qui porte « une atteinte grave à la liberté de la presse« , avec cette constante référence au Code pénal pour les délits de presse. Pour me faire ma propre idée, je l’ai lu et il me semble qu’il y a des passages où il y a trop de flou pour que l’on puisse se sentir en sécurité. En effet, dans un premier temps, dans les tous premiers articles de ce code, la liberté de la presse et de l’information est encensée, célébrée, puis, le Code commence petit à petit à dire : faites attention à ce que vous publiez, sinon pan pan fe-fesses! Je ne vais pas faire une revue du Code en entier, mais prendre juste 3 ou 4 articles.

Dessin de Pov (mis avec l'autorisation de son auteur)
(avec l’autorisation de son auteur dont vous pouvez admirer les autres dessins en cliquant ici)

Premièrement, l’article « non vous ne pouvez pas, mais on ne sait jamais… ».

Dans l’article 21, le journaliste doit s’abstenir de porter atteinte à la vie privée des personnes, « même lorsque ces personnes assument des fonctions ou un rôle politique ». Mais  » lorsque l’intérêt public le justifie, le journaliste peut révéler des informations lorsque celles-ci compromettent la morale publique et/ ou constituent une menace pour la santé publique ». J’imagine donc, que cet article pourrait s’appliquer à la carte : on ne peut rien dire si ça concerne certaines personnes, mais si cela peut salir ou ternir un opposant ou quelqu’un à qui on voudrait du mal, on pourra dire que la morale publique est compromise…

Deuxièmement, l’article « tout va bien Madame la Marquise ».

L’article 30 du Code est long mais il pose la question de ce que va devoir faire le journaliste pour informer. En effet, il y a problème « lorsque la publication, la diffusion ou la reproduction faite est de nature à ébranler la discipline ou le moral des armées ou à entraver la paix civile (…) Les mêmes faits sont punis de la même peine lorsque la publication, la diffusion ou la reproduction est de nature à ébranler la confiance du public en la solidité de la monnaie (…)« . Le journaliste doit donc informer mais en même temps, il ne doit pas dire trop de mauvaises nouvelles. Par exemple, ne pas informer que le cours de l’ariary (la monnaie nationale malgache) est en train de dégringoler par rapport à l’euro, parce que cela pourrait « ébranler la confiance du public en la solidité de la monnaie ». Les informations devraient aussi donc désormais dire que tout va bien partout, que l’insécurité ne règne pas partout, parce que ho! il ne faut pas troubler le moral des armées ni le sentiment de paix (!!!) de la population.

Ensuite, l’article « sois courageux et dis tout et ne pense pas à esquiver en faisant juste une allusion parce que ce sera la même punition « .

Selon l’article 24 du Code, « est punissable la publication (…) si elle est faite sous forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommé, mais dont l’identification est rendue possible par les termes des discours, appels, menaces, écrits, imprimés, affiches, dessins, annonces ou publications électroniques ». Donc est punissable cette phrase par exemple : « ces hommes en uniforme sur le bord de la route nationale demandent qu’on leur donne de l’argent ». Sachant qu’il y a plusieurs catégories de personnes qui peuvent être en uniforme au bord de la route nationale : des gendarmes, des policiers, des travailleurs, des pompiers…Ou encore récemment le fait juste de dire « le marin, le chirurgien, le laitier, le DJ et l’expert-comptable nous ont coulé chacun à leur façon ». Personne n’a été désignée nommément mais on devine à peu près de qui on parle…mais dans tous les cas, c’est punissable!

Et enfin l’article « au revoir Mr le Marketing, dites nous toute la vérité, ne nous choquez pas sinon on n’en veut pas de votre publicité ».

L’article 180 de ce Code de la communication interdit « les messages publicitaires contenant (…) toute exploitation de superstitions et des frayeurs (…) ou des éléments pouvant choquer les convictions religieuses (…) est également interdite la diffusion de messages mensongers et subliminaux« . L’article 181 rajoute « toute publicité ne doit en aucun cas exploiter l’inexpérience et la crédulité du public et notamment des enfants et des adolescents« . Je ne sais donc pas comment les publicitaires vont faire. C’est vrai que la publicité ne doit pas être mensongère, mais comment savoir si elle va heurter ou non des convictions religieuses? on ne parlera donc plus de manger du cochon sous toutes ses formes par exemple, vu que ni les musulmans ni les juifs n’en consomment…ni des préservatifs vu que les catholiques ne sont pas particulièrement favorables à leur utilisation…ni d’une quelconque force extérieure vu que les athées ne croient pas en l’existence d’un dieu? Et qui va évaluer s’il y a des messages subliminaux dans les publicités? A t’on jamais vu une publicité qui dise réellement la valeur, les réelles capacités d’un produit? Quelle est la limite entre le fait d’embellir un peu un produit et le mensonge? Et doit t’on considérer le public comme débile crédule jusqu’à quel point? Je n’aimerais pas travailler dans une agence de publicité avec ce code de la communication, dans sa version actuelle.

red-42286_960_720

Beaucoup de personnes pensent que ce Code de la communication ne concerne que les professionnels de la communication, mais son adoption est plus pernicieuse : il grignote de plus en plus sur nos espaces de liberté et d’expression, on a peur de se faire dénoncer ou d’être catalogué comme perturbateur, même si on est juste citoyen, on s’auto-censure. Je prends juste exemple sur les réseaux sociaux, on peut de moins en moins y exprimer des questionnements sur la gouvernance à Madagascar et sur les actions des dirigeants malgaches. En effet, il y a toujours quelqu’un pour commenter et dire « attention à l’article 20…attention au Code de la communication », que ce soit en blaguant ou plus sérieusement.

Aujourd’hui donc on commence à faire attention à ce qu’on dit, ensuite, on ne peut pas tout révéler de peur que cela ne soit considéré comme une faute et demain ce sera quoi? on va devoir applaudir et chanter les louanges à la gloire des dirigeants pour ne pas se faire fouetter? ou devra se prosterner devant les portraits de ceux-ci? …

 


Malgaches nous sommes indépendants, il nous faut agir maintenant !

Ce 26 juin 2016 Madagascar a fêté ses 56 ans d’Indépendance.

Oui, Madagascar est indépendant, même si à l’approche de cette date, on entend souvent le même refrain : « non, nous ne sommes pas indépendants, nous sommes encore sous le joug des puissances étrangères, nous ne sommes pas libres… » . L’indépendance nous a été donnée en 1960, mais force est de constater que nous, les Malgaches, avons fait si peu pour elle, pour cette indépendance. On croit un peu trop aux miracles et aux sauveurs providentiels, sans penser que nous, le peuple malgache avons aussi une part de responsabilité dans la situation. Je vais prendre juste 3 situations pour illustrer cette idée.

  • On se plaint souvent de nos dirigeants, que ce sont toujours les mêmes qui sont là, mais quand arrivent les jours d’élection, on ne fait pas le déplacement pour aller voter, ou, enchantés par les belles promesses, on remet au pouvoir celui qu’on a démis quelques années plus tôt. Notre mémoire de poisson rouge nous joue des tours.
  • On se plaint de la corruption qui sévit en haut lieu, alors que nous-mêmes, on ne rechigne pas à laisser un petit « pourboire » ou « écolage » pour avoir plus vite ce permis, pour réussir ce concours administratif ou tout simplement parce qu’on se dit ce n’est pas pire que ce qui se passe ailleurs. Nous n’osons pas refuser d’alimenter ce cercle vicieux parce que « cela facilite la vie et c’est mieux ainsi ».
  • On dénonce le train de vie des dirigeants et l’indécence de leurs dépenses mais on n’hésite pas à se moquer de celui qui a du pouvoir et qui reste dans la modestie et l’humilité. On dit souvent « mais il est fou celui-là, avec son poste de directeur-responsable-superresponsable, il circule encore avec son ancienne voiture », « elle vient vraiment de la campagne hein, avec tout le personnel qu’elle peut avoir à sa disposition, elle fais encore ses courses au marché du coin ».

« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour votre pays » exhortait John Fitzerald Kennedy lors de son discours d’investiture en janvier 1961. Ce passage est souvent cité, ressorti et adopté comme leitmotiv. Vu l’ampleur du travail à faire pour sortir Madagascar de son état actuel, l’on peut être découragé et renoncer ou fuir, c’est à ce moment qu’il faudrait se souvenir d’un autre extrait de ce même discours « nous n’accomplirons pas tout cela dans les cent premiers jours, ni sous ce gouvernement, ni même peut-être au cours de notre existence sur cette planète. Mais nous pouvons commencer ». Ainsi, tout espoir n’est pas perdu, et il faut bien commencer quelque part. Retroussons nos manches et travaillons, chacun à notre niveau, sans suivre les mauvais exemples de nos dirigeants, sans avoir peur du « qu’on dira t’on? » pour notre pays bien aimé. Et dernière chose, arrêtons de rendre les autres, surtout les autres pays, responsables de ce qui nous arrive. Car eux, ils ne font que défendre leurs intérêts commerciaux et penser à leur stratégie diplomatique, c’est ce que chacun est sensé faire : travailler pour son pays et au bénéfice de celui-ci. C’est de notre « faute » et de la responsabilité de nos seuls dirigeants si les négociations et accords commerciaux aboutissent souvent à ce que l’on soit lésé et qu’aucune retombée des grands projets n’arrive jusqu’au peuple.

Arrêtons de nous lamenter sur notre sort et de nous plaindre et faisons quelque chose, agissons! On se sentira plus indépendant et réellement plus libre!

Dernière minute : en début de soirée, on a entendu qu’une explosion aurait eu lieu lors d’un concert sensé clore les festivités liées à la célébration de cet anniversaire de notre indépendance. Il y aurait eu des morts et plusieurs décès. En attendant de plus amples informations, on ne peut que déplorer et condamner cet acte lâche … comment peut t’on sacrifier des vies humaines innocentes, celles de compatriotes pour satisfaire des buts inavoués (bassement politiques?). Avant, les crises et les problèmes politiques ou autres se réglaient et évoluaient à coup de déclarations, interviews et sit-in, grèves…de plus en plus ces derniers temps, la violence monte d’un cran, entre les attentats, les explosions et les exécutions, on perd de plus en plus cette notion de sacralité de la vie : « tokana ny aina » , qui pourtant nous tenait à coeur.